Les ateliers « Roman d’école » en quelques mots
Les ateliers « Roman d’école » permettent aux élèves d’une classe de concevoir collectivement, sous la conduite d’autrices et auteurs expérimenté·e·s, mais à partir de leurs propres mots, une histoire consistante.
L’autrice·teur intervient d’abord, de manière autonome, 8 fois 2 périodes en classe.
Le roman élaboré avec les élèves est ensuite préparé pour une publication sous forme de livret au graphisme contemporain. Parfois, le texte est enregistré sous forme de podcast enrichi.
Enfin, l’histoire est lue à haute voix par les participant·e·s lors d’une manifestation publique délibérément organisée en dehors du cadre scolaire.
Cette action de médiation culturelle globale, qui s’étend sur six mois environ, s’adresse de manière ciblée aux classes du cycle d’orientation, degrés 9 à 11, ainsi qu’aux classes d’écoles professionnelles ou de l’enseignement spécialisé.
À travers l’élaboration par chaque classe de son propre « roman » sous la conduite d’autrices·teurs reconnu·e·s, les participant·e·s – adolescent·e·s ou jeunes adultes – font l’expérience d’une réussite dans des domaines qui sont parfois marqués par l’anxiété, voire l’échec.
De plus, en participant collectivement à l’élaboration d’un texte narratif relativement long, par une réflexion fondamentale et citoyenne sur l’impact des mots, ils renforcent leur conscience de leur capacité à débattre et s’exprimer tant par écrit que par oral.
Comment naît un roman d’école ?
Un Roman d’école est une création collective qui prend corps au travers d’échanges et d’exercices pratiques. Guidée par un·e « écrivain·e coach », la classe développe sa propre histoire à partir d’une idée de base choisie par les élèves eux-mêmes.
Les élèves, en fonction de leurs compétences initiales, rédigent, individuellement ou par petits groupes, les chapitres de leur histoire durant les ateliers (8 x 2 périodes). Ils interviennent également avec des remarques orales, des objections, des doutes et des souhaits.
Les autrices·teurs coaches ont pour tâche de générer et gérer les nombreuses stimulations orales et écrites qui vont nourrir l’histoire, puis à « synchroniser » la production des élèves en une histoire unique. Entre chaque atelier, l’écrivain·e coach assemble en effet les propositions des élèves en les combinant, en les arrangeant. Ensuite, elle·il soumet cette construction provisoire à la classe. Les modifications de l’autrice·teur sont systématiquement discutées. Les élèves suivent ainsi pas à pas la démarche du coach et perçoivent leur texte en tant qu’œuvre de création.
Les élèves expérimentent une situation dans laquelle leurs idées sont reprises par les auteurs et par leurs camarades de classe, et par là prises au sérieux. Ces idées deviennent intéressantes, elles « valent quelque chose ».
S’exprimer sur des sujets d’importance
Durant les ateliers, beaucoup de questions brûlantes pour les élèves sont thématisées et débattues ouvertement : la famille et la société, l’amour et la violence, la puberté et la sexualité, l’émigration et l’intégration, l’argent et le luxe…
En réfléchissant sur les différentes façons d’exprimer les choses, en analysant quelles fonctions ou quelles significations ont dans l’ensemble – selon leur position dans le texte, leur forme, leur sonorité – les fragments qu’ils ont écrits, les élèves découvrent aussi comment leur vécu, leur quotidien, se transforme en récit. Ils saisissent d’une manière inédite la portée d’un texte littéraire, de l’intérieur, d’une manière plus directe et intime qu’en lisant des textes avec lesquels ils n’ont pas d’attaches.
Écrire… et lire aussi
Roman d’école associe intimement l’écriture et la lecture dans un processus d’aller-retour permanent : lire – lire à voix haute – relire – lire à voix haute – débattre et développer – lire à voix haute – compléter – et ainsi de suite.
En rédigeant leurs propres textes narratifs, les jeunes participent de l’intérieur à la culture du livre et de l’écriture.
Publication des « romans d’école »
Les « romans » imprimés sont une partie importante du projet puisqu’ils sont la preuve physique et durable de la réussite des élèves. Les textes rédigés par les classes sont en effet imprimés sous forme de cahiers.
Grâce à leur graphisme contemporain et à une mise en page soignée, ces livrets sont disponibles également comme objet de lecture. La plupart du temps, deux romans sont publiés dans un même cahier – ainsi, les jeunes découvrent également un roman «étranger» à côté de celui qui est «à eux».
D’une manière plus générale, la collection de Roman d’école donne une image inédite du vécu et des aspirations des participants. De la même façon que la personnalité et l’environnement d’un auteur se manifestent dans tout texte littéraire, les « mondes » des jeunes d’aujourd’hui se reflètent dans les «romans d’école», comme en témoignent les thèmes abordés – l’amour, l’argent, l’isolement, la reconnaissance…
[On peut obtenir en tout temps des brochures en s’adressant au Secrétariat, office [] jull.ch ; -> liste des romans
Événements publics
Les manifestations publiques en dehors du lieu d’enseignement font partie intégrante du projet Roman d’école. À cette occasion, les participants lisent à voix haute leurs propres créations, cela dans des théâtres ou autres lieux culturels qui, pour certains, ne leur sont pas familiers.
En Romandie, des lectures publiques ont déjà été organisées, entre autres, à la Maison de Rousseau & de la littérature (Genève), au Théâtre St-Gervais (Genève), à la Manufacture (Lausanne), au théâtre 2.21 (Lausanne), au Forum Saint-Georges (Delémont), au Théâtre du Crochetan (Monthey), au CCN-Le Pommier (Neuchâtel), à L’Amuse-bar (La Chaux-de-Fonds), au Nebia Poche (Bienne), au Théâtre du Jura (Delémont), à la Galerie d’art Bleu de Chine (Fleurier), au festival littéraire international de Loèche-les-Bains, au Club 44 (La Chaux-de-Fonds), pour ne citer que ces lieux parmi d’autres.
Les médias (presse écrite, radio, télévision) rendent compte régulièrement, parfois de manière conséquente, du projet Roman d’école et des animations publiques qui lui sont associées.
Lecture en public à l’Ecole cantonale de langue française, Berne, 8 juillet 2022
Capsules sonores / Podcasts
Depuis 2020, Roman d’école propose chaque fois que possible aux élèves d’enregistrer leur texte. Cette offre complémentaire, initialement développée pour pallier les incertitudes sanitaires de la pandémie de covid-19, est une manière très appréciée de valoriser le travail des élèves. Réalisés avec l’aide de professionnels du son et de la création sonore, ces podcasts sont mis en ligne sur différentes plateformes de streaming, y compris YouTube et Spotify.
Cohésion sociale et culturelle – « Romans d’école » bilingues et multilingues – Echanges entre classes
À l’initiative des collèges, mais aussi des autrices·teurs, des projets Roman d’école bilingues, voire multilingues, ont été réalisés, jouant ainsi sur la richesse linguistique nationale comme avec les apports de l’immigration.
Par ailleurs, des échanges entre classes germanophones et francophones ont déjà été organisés dans les cantons de Bâle-Ville, du Jura et de Berne.
Dans le même esprit, des ateliers de traduction de textes d’élèves par des élèves, « Let’s schreib français », déjà expérimentés avec succès, sont appelés à être développés.
Des autrices et auteurs qualifiés comme coachs d’écriture
Une dimension fondamentale du projet est l’accompagnement par des écrivain/e/s expérimenté/e/s. Celles/ceux-ci imposent aux textes de Roman d’école les mêmes exigences qu’à leurs propres œuvres. C’est-à-dire que l’histoire ne doit pas seulement être « originale », elle doit aussi être crédible au niveau des techniques narratives. Ses «héros» sont mis en question, leur caractère et leurs motivations sont discutés aussi longtemps que nécessaire pour que cela «fonctionne».
Au cours du processus, l’auteur/e apporte aux élèves son propre point de vue en tant que créateur/trice artistique. Dans une perspective de partage, en puisant tant sur son domaine d’expertise que dans les apports des élèves, il montre comment la construction des phrases, le choix des mots, la prise en compte du son et du rythme ont un impact sur la signification et l’esthétique d’un texte. Avec l’exemple de la littérature, les élèves comprennent ainsi et expérimentent par eux-mêmes la différence entre une œuvre strictement «descriptive» et une œuvre plus «artistique».
Le processus est également passionnant et enrichissant pour les écrivain/e/s, preuve en est, entre autres, la longue et prestigieuse liste de celles et ceux qui ont conduit des ateliers en Suisse, en Allemagne et en Autriche. Toutes et tous assurent que leur travail avec les élèves leur permet de réfléchir à leur propre processus créatif – routines, thématiques, formes, réception, évolution de la langue.
ROMAN D’ÉCOLE EN SUISSE ROMANDE
Depuis la rentrée 2010, des ateliers Roman d’école sont proposés en Suisse romande.
Ainsi, des classes de Genève, Martigny, La Chaux-de-Fonds, Monthey, Le Locle, Vevey, Sierre, Renens, Montana, Vicques, Colombier/NE, Le Landeron, Lausanne, Marin, Delémont, Porrentruy, Echallens ont déjà pu profiter de cette action de médiation culturelle unique dans sa forme et ses finalités.
Les autrices et auteurs qui assurent ou ont assuré le rôle de coaches en langue française sont Anne Brécart, Nicolas Couchepin, Odile Cornuz, Pierre-Isaïe Duc, Eugène Meiltz, Thomas Flahaut, Claire Genoux, Marie Houriet. Joseph Incardona, Coline Ladetto, Alexandre Lecoultre, Pierre-André Milhit, Camille Rebetez, Noëlle Revaz, Urs Richle, Antoinette Rychner, Noémi Schaub, Lydia Schenk, Thomas Sandoz, Lolvé Tillmanns, Marie-Jeanne Urech, Daniel Vuataz, Fanny Wobmann et Marc Woog.
CONDUITE DES PROJETS EN SUISSE ROMANDE
La conduite générale du projet est assurée par Richard Reich, auteur, initiateur du projet, et Gerda Wurzenberger, Dr phil., à Zürich.
L’Antenne romande, qui coordonne et supervise les actions menées dans les cantons romands et en France, est sous la responsabilité de Thomas Sandoz, écrivain, médiateur culturel, Dr psy., à La Chaux-de-Fonds.
thomas.sandoz [] ccdille.ch