Qu'est-ce qu'un roman d'école?

Les ateliers « Roman d’école » en quelques mots

Les ateliers « Roman d’école » consistent à faire participer des élèves ayant des difficultés avec la lecture ou l’écriture, ou tenus pour « faibles » scolairement, à la conception, en commun, d’une histoire cohérente, cela sous la conduite d’écrivain/e/s expérimenté/e/s.

Cette action de médiation culturelle globale s’adresse de manière ciblée aux classes du cycle d’orientation, degrés 9 à 11, ainsi qu’aux classes d’écoles professionnelles ou de l’enseignement spécialisé. Elle s’étend sur six mois environ. L’écrivain/e/s intervient d’abord régulièrement 8 fois 2 périodes en classe. Le roman élaboré en classe est ensuite préparé pour une publication sous forme de livret au graphisme contemporain. Enfin, l’histoire est lue à haute voix par les élèves eux-mêmes lors d’une manifestation publique organisée en dehors du cadre scolaire.

À travers l’élaboration par chaque classe de son propre « roman » sous la conduite d’auteur/e/s reconnus, les élèves font l’expérience d’une réussite dans un domaine qui est ordinairement marqué pour eux par l’échec et par l’anxiété qui l’accompagne. En participant collectivement à l’élaboration d’un texte narratif relativement long, ils renforcent leur conscience de leur capacité à débattre et s’exprimer tant par écrit que par oral.

Initiés en 2005 par Richard Reich et Gerda Wurzenberger, les ateliers Roman d’école ont déjà donné naissance à de très nombreux textes en Suisse alémanique, en Allemagne, en Autriche et en Romandie. Depuis 2017, le projet, devenu quadrilingue grâce au soutien de l’Office fédéral de la Culture, est également proposé au Tessin et aux Grisons.

La collection des textes conçus lors des ateliers Roman d’école compte près de deux cents titres, reflet du travail engagé par milliers d’élèves accompagnés par plus de cent auteurs coaches.

 

Comment naît un roman d’école ?

Un Roman d’école est une création collective qui prend corps au travers d’échanges et d’exercices pratiques. Guidée par un/e « écrivain/e coach », la classe développe sa propre histoire à partir d’une idée de base choisie par les élèves eux-mêmes.

Les élèves, en fonction de leurs compétences initiales, rédigent, individuellement ou par petits groupes, les chapitres de leur histoire durant les ateliers (8 x 2 périodes). Ils interviennent également avec des remarques orales, des objections, des doutes et des souhaits.

Les écrivain/e/s coaches ont pour tâche de générer et gérer les nombreuses stimulations orales et écrites qui vont nourrir l’histoire, puis à « synchroniser » la production des élèves en une histoire unique. Entre chaque atelier, l’écrivain/e coach assemble en effet les propositions des élèves en les combinant, en les arrangeant. Ensuite, il/elle soumet cette construction provisoire à la classe. Les modifications de l’auteur/e sont systématiquement discutées. Les élèves suivent ainsi pas à pas la démarche du coach et perçoivent leur texte en tant qu’œuvre de création.

Les élèves expérimentent une situation dans laquelle leurs idées sont reprises par les auteurs et par leurs camarades de classe, et par là prises au sérieux. Ces idées deviennent intéressantes, elles « valent quelque chose ».

S’exprimer sur des sujets d’importance

Durant les ateliers, beaucoup de questions brûlantes pour les élèves sont thématisées et débattues ouvertement : la famille et la société, l’amour et la violence, la puberté et la sexualité, l’émigration et l’intégration, l’argent et le luxe…

En réfléchissant sur les différentes façons d’exprimer les choses, en analysant quelles fonctions ou quelles significations ont dans l’ensemble – selon leur position dans le texte, leur forme, leur sonorité – les fragments qu’ils ont écrits, les élèves découvrent aussi comment leur vécu, leur quotidien, se transforme en récit. Ils saisissent d’une manière inédite la portée d’un texte littéraire, de l’intérieur, d’une manière plus directe et intime qu’en lisant des textes avec lesquels ils n’ont pas d’attaches.

Écrire… et lire aussi

Roman d’école associe intimement l’écriture et la lecture dans un processus d’aller-retour permanent : lire – lire à voix haute – relire – lire à voix haute – débattre et développer – lire à voix haute – compléter – et ainsi de suite. En rédigeant leurs propres textes narratifs, les jeunes participent de l’intérieur à la culture du livre et de l’écriture.


Publication des « romans d’école »

Les « romans » imprimés sont une partie importante du projet puisqu’ils sont la preuve physique et durable de la réussite des élèves. Les textes rédigés par les classes sont en effet imprimés sous forme de cahiers.

Grâce à leur graphisme contemporain et à une mise en page soignée, ces livrets sont disponibles également comme objet de lecture. La plupart du temps, deux romans sont publiés dans un même cahier – ainsi, les jeunes découvrent également un roman «étranger» à côté de celui qui est «à eux».

D’une manière plus générale, la collection de Roman d’école donne une image inédite du vécu et des aspirations des participants. De la même façon que la personnalité et l’environnement d’un auteur se manifestent dans tout texte littéraire, les « mondes » des jeunes d’aujourd’hui se reflètent dans les «romans d’école», comme en témoignent les thèmes abordés – l’amour, l’argent, l’isolement, la reconnaissance…

Événements publics

Les manifestations publiques en dehors du cercle scolaire font partie intégrante du projet Roman d’école. Dans des théâtres ou autres lieux culturels, les élèves lisent à voix haute leurs propres créations.

En Romandie, des lectures publiques ont déjà été organisées à la Maison de Rousseau & de la littérature (Genève), à la Manufacture (Lausanne), au Forum Saint-Georges (Delémont), au Théâtre du Crochetan (Monthey), au CCN-Le Pommier (Neuchâtel), au Théâtre Saint-Gervais (Genève), au Théâtre 2.21 (Lausanne), au Club 44 (La Chaux-de-Fonds), entre autres lieux. 

 Les médias (presse écrite, radio, télévision) rendent comptent régulièrement du projet Roman d’école et des animations publiques qui lui sont associées.

22-07-08 ECLF Berne

Lecture en public à l’Ecole cantonale de langue française, Berne, 8 juillet 2022

 

Cohésion sociale et culturelle – « Romans d’école » bilingues et multilingues – Echanges entre classes

À l’initiative des collèges, mais aussi des écrivain/e/s coachs, des projets Roman d’école ont été réalisés en bilingue, voire multilingue, jouant ainsi sur la richesse linguistique nationale comme avec les apports de l’immigration.

Par ailleurs, des échanges entre classes germanophones et francophones ont déjà été organisés dans les cantons de Bâle-Ville, du Jura et de Berne.

Écrivain/e/s coachs professionnel/le/s

Une dimension fondamentale du projet est l’accompagnement par des écrivain/e/s expérimenté/e/s. Celles/ceux-ci imposent aux textes de Roman d’école les mêmes exigences qu’à leurs propres œuvres. C’est-à-dire que l’histoire ne doit pas seulement être « originale », elle doit aussi être crédible au niveau des techniques narratives. Ses «héros» sont mis en question, leur caractère et leurs motivations sont discutés aussi longtemps que nécessaire pour que cela «fonctionne».

Au cours du processus, l’auteur/e apporte aux élèves son propre point de vue en tant que créateur/trice artistique. Dans une perspective de partage, en puisant tant sur son domaine d’expertise que dans les apports des élèves, il montre comment la construction des phrases, le choix des mots, la prise en compte du son et du rythme ont un impact sur la signification et l’esthétique d’un texte. Avec l’exemple de la littérature, les élèves comprennent ainsi et expérimentent par eux-mêmes la différence entre une œuvre strictement «descriptive» et une œuvre plus «artistique».

Le processus est également passionnant et enrichissant pour les écrivain/e/s, preuve en est, entre autres, la longue et prestigieuse liste de celles et ceux qui ont conduit des ateliers en Suisse, en Allemagne et en Autriche. Toutes et tous assurent que leur travail avec les élèves leur permet de réfléchir à leur propre processus créatif – routines, thématiques, formes, réception, évolution de la langue.

 

 

ROMAN D’ÉCOLE EN SUISSE ROMANDE
 
Depuis la rentrée 2010, des ateliers Roman d’école sont proposés en Suisse romande.

Ainsi, des classes de Genève, Martigny, La Chaux-de-Fonds, Monthey, Le Locle, Vevey, Sierre, Renens, Montana, Vicques, Colombier/NE, Lausanne, Delémont, Porrentruy, Echallens ont déjà pu profiter de cette action de médiation culturelle unique dans sa forme et ses finalités.

Les auteurs professionnels qui assurent les rôles de coaches en Suisse romande sont notamment Claire Genoux, Nicolas Couchepin, Marie Houriet, Noémi Schaub, Lydia Schenk, Daniel Vuataz, Fanny Wobmann, Joseph Incardona, Eugène Meiltz, Anne Brécart, Camille Rebetez, Marie-Jeanne Urech, Pierre-Isaïe Duc, Odile Cornuz, Marc Woog, Antoinette Rychner et Thomas Sandoz.

Les textes produits viennent naturellement enrichir la collection des romans nés en Suisse alémanique, en Allemagne et en Autriche. On peut les lire sur cette plateforme ou sur son pendant alémanique (www.schulhausroman.ch), ou les obtenir sous forme de brochures.

Diverses manifestations publiques sont organisées pour mettre en valeur les textes créés. La plus importante est la soirée de lecture des romans par les élèves eux-mêmes, pour leurs camarades, leur famille, les enseignants et bien sûr le grand public. Ces soirées ont volontairement lieu en dehors du cercle scolaire, si possible dans un lieu culturel (théâtre, salle de conférence, bibliothèque, etc.).

Pour en savoir plus sur Roman d’école, les Directions d’école, les enseignants, les représentants des médias comme toute personne intéressée peuvent prendre contact avec la direction générale du projet à Zürich (Gerda Wurzenberger et Richard Reich), avec Urs Richle (anc. coordinateur romand) ou Thomas Sandoz, responsable de l’Antenne romande qui coordonne les projets menés en Romandie et France voisine.